[MUSIQUE] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] Bonjour à tous, je m'appelle Tian Xu. Je viens de Wuhan, j'ai appris la langue française quand j'étais en licence il y a déjà longtemps. La première fois quand je suis venu en France c'est à Chambéry. Après, je vais à Marseille. Et maintenant, je fais mes études à Paris. >> Vous êtes né à Wuhan en Chine. Quelles sont les images que vous avez qui sont associées à votre enfance? >> À Wuhan, il fait très, très chaud. Et comme j'habitais à côté de la [INCONNU], quand j'étais petit, je jouais toujours dans le parc à côté du fleuve. On peut faire de l'équitation dans le parc, c'est ce que j'aimais. >> Donc, ce sont des images finalement très associées à la nature, aux animaux. >> Oui oui, parce qu'après, à 12 ans, le parc à côté de chez moi est reconstruit, il n'y a plus de chevaux dans le parc, il n'y a que des piétons. Du coup, je pense que les activités qu'on peut faire changent beaucoup. >> Et quand vous y pensez, c'était une enfance heureuse? >> Quand j'étais petit, je pense que c'est pas trop heureux, mais maintenant quand je me souviens, je pense que c'est heureux. Parce que quand j'étais petit, j'avais beaucoup de devoirs à faire comme tous les Chinois. Du coup, je pense que la vie est un peu triste parce qu'on doit faire, on devait apprendre l'anglais tous les jours ou apprendre les mathématiques, comme ça c'est un peu trop chiant pour un petit Chinois. >> Mais vous pensez qu'il y avait plus de devoirs pour les petits Chinois que pour les petits Français par exemple? >> Oui, je pense que c'est ça. Je pense que pour les élèves français, il n'y a pas beaucoup de devoirs comme les élèves en Chine. En Chine, on est plus nombreux, du coup la compétition est plus importante. >> Vous passiez l'équivalent de votre baccalauréat. Et qu'est-ce que vous décidez de faire comme études? >> En fait, en Chine, on ne peut pas choisir librement la filière à l'université parce que ça dépend de notre note du Bac. Ma note du Bac n'est pas trop bonne, du coup je suis obligé de choisir la filière l'administration publique. Mais je n'aime pas trop les cours dans ce domaine, du coup je voulais faire une réorientation. Parce qu'en Chine, si on veut faire une réorientation à l'université, on doit passer les examens. Si je choisis les langues étrangères, je n'ai pas besoin de passer l'examen de mathématiques. Je suis nul en mathématiques du coup, j'ai choisi les langues étrangères. Mais dans ma Fac, il n'y a que trois options, anglais, français, japonais. J'avais appris longtemps l'anglais et je n'aime pas trop le japonais. Du coup, j'ai choisi français. Une autre raison c'est que j'ai entendu parler que le français est difficile, du coup je voulais l'apprendre comme un défi, ça m'a plu. >> En 2014, vous commencez donc votre licence de français. Comment se sont passées ces trois années d'enseignement? >> En fait, dans ma Fac, pendant les examens, les professeurs vont nous donner des [INCONNU] importants, c'est-à -dire il va nous donner grande estime, 80 % des questions dans les examens pour qu'on puisse réussir à ces examens. Du coup, je n'ai pas besoin de réviser. Pendant trois ans, je n'étais pas trop sérieux. Même en dernière année de licence, je ne savais pas trop parler français. Si quelqu'un me demande comment tu t'appelles, je crois que je ne comprenais pas. >> C'était un enseignement du français qui était très théorique, qui était plus écrit que parlé par exemple? >> Oui, bien sûr. En Chine, on apprécie beaucoup l'apprentissage de la grammaire, du coup chaque jour on fait des exercices de conjugaison surtout pour le passé simple, le subjonctif. Donc, même les Français ne les utilisent pas. Du coup, on fait les exercices dans ce domaine. [MUSIQUE] >> Qu'est-ce qui fait qu'en 2017 on vous retrouve en France, puisqu'en 2017 vous êtes à Chambéry? >> Oui, j'ai choisi Chambéry par hasard je crois, parce que j'ai décidé de venir en France dans le dernier semestre de licence. À cette époque-là , je regardais un blog d'une étudiante chinoise qui étudie en France, elle étudiait à la Réunion et j'aime bien les photos qu'elle a déposées sur Internet et j'aime bien les paysages de la Réunion, l'environnement du marché, ça me donne envie d'y aller. Du coup, j'ai décidé de venir étudier en France mais on doit passer, si on veut étudier en France, on doit passer l'entretien avec Campus France. Si je choisis une île, ce n'est pas trop logique comme une raison pour venir étudier en France. Du coup, je dois choisir une ville en métropole. Du coup, je voulais apprendre le français en Corse, mais l'université de Corse ne propose pas de cours de français à un niveau C1. Du coup, je n'avais pas trop de choix, donc j'ai choisi Chambéry. Parce qu'en fait, toutes les villes métropolitaines me semblent pareilles, du coup j'ai choisi Chambéry. >> C'est sûr que Chambéry ce n'est pas tout à fait le même décor que l'île de la Réunion ou l'île de la Corse, mais vous auriez pu vous intéresser aux montagnes par exemple. >> Oui parce que quand j'étais petit, je lisais toujours les contes sur les Alpes, mais en vrai, les vraies Alpes ne sont pas comme celles dans les contes. Les maisons dans les contes sont construites en bois mais en vrai c'est plutôt les bâtiments en pierre, ça ne me donne pas une impression que je suis dans le conte. >> Alors, avant même de découvrir la ville de Chambéry, quelles images vous aviez de la France avant d'arriver? >> La France pour moi c'était la Provence, les lavandes. Parce que beaucoup de séries chinoises sont tournées en Provence. Du coup, la Provence pour moi c'est la France. >> Et alors, vous arrivez à Chambéry. Comment ça se passe? Quel regard portez-vous sur les habitants, sur les habitudes des gens? >> Pendant la première année en France, j'étais dans une école de langue, du coup il n'y a pas de camarade français, il n'y a que des étrangers. Du coup, je n'avais pas trop discuté avec les Français quand j'étais à Chambéry. Et comme j'avais dit qu'en 2017, je ne savais même pas parler français, du coup c'est un peu difficile pour moi de communiquer avec les Français quand j'étais venu premièrement. >> L'année d'après, vous partez étudier à l'université d'Aix-Marseille, et là j'ai l'impression que vous commencez un petit peu plus à être à l'aise avec la langue, le pays, faire des découvertes. >> Oui, oui c'est ça. J'ai choisi Aix-Marseille Université parce que les Chinois apprécient beaucoup le classement des universités et à cette époque-là , Aix-Marseille Université était la première université en province selon le classement de Shanghaï. Et quand j'étais à Chambéry, j'ai voyagé une fois à Marseille et j'aime bien les paysages là -bas. Du coup, ce sont les deux raisons que j'ai choisi Aix-Marseille. >> Comment ça s'est passé les cours à Aix-Marseille? Est-ce qu'il y avait de grandes différences? D'ailleurs, que ce soit à Chambéry ou à Marseille, est-ce qu'il y avait de grandes différences avec l'enseignement que vous aviez reçu en Chine? >> Au début, j'étais en licence III Lettres modernes mais la différence d'enseignement entre la France et la Chine c'est que les professeurs français, surtout en lettres, n'écrivent rien dans le tableau et ne donnent pas un livre de référence. Du coup, ce que je dois faire dans la classe c'est de prendre des notes tout le temps, ça me fatigue un peu parce qu'en Chine, je ne prends jamais de notes. >> Donc, en Chine vous ne preniez pas de notes mais vous aviez un livre de référence. >> Oui, oui. On a un manuel en France, on n'a pas de manuel. >> Donc, ça ce serait la première différence. Est-ce qu'il y avait d'autres différences dans l'enseignement? >> Dans l'enseignement, je crois il n'y a pas trop de différences parce que étudier c'est pareil dans le monde. En licence, c'est de retenir des connaissances de base par cœur, du coup ce n'est pas trop difficile pour moi les études. >> Et dans les rapports entre les professeurs et les étudiants, est-ce qu'il y a des différences? >> Oui, il y a une grande différence, parce que je pense que les professeurs français aiment s'asseoir sur la table mais c'est interdit en Chine. Si un professeur donne son cours toujours en s'asseyant sur la table, il va être renvoyé. >> D'autres choses dans la manière d'être qui est très différente avec la Chine? >> La diversité ethnologique est très importante à Marseille. Il y a beaucoup de couleurs de peaux différentes à Marseille. J'habitais juste à côté de la gare Saint-Charles. Il n'y a pas beaucoup de blancs dans ce quartier, du coup ça me semblait un peu que ce n'est pas la France que j'imaginais quand j'étais en Chine. Mais ça me va parce que les gens à Marseille sont accueillants. [MUSIQUE] >> En 2019, on vous retrouve cette fois-ci à Paris après Chambéry et après Marseille, où là maintenant vous faites un double master, un master en linguistique à la Sorbonne et un autre master de chinois à l'Inalco. Alors, pourquoi ces deux choix? >> J'ai choisi le master Lettres langue française à la Sorbonne par hasard. Je voulais faire un Master [INCONNU], mais presque toutes mes candidatures sont refusées, mais je ne sais pas pourquoi je suis accepté par la Sorbonne. Du coup, je suis venu à Paris. J'ai choisi de faire un autre master chinois parce que je ne sais pas quel travail je peux faire avec le diplôme de lettres en France, parce qu'il me semble un peu bizarre d'enseigner le français en France en tant que chinois. Du coup, je fais un master chinois parce que je pense que je vais peut-être enseigner le chinois dans la francophonie. >> Vous parlez de francophonie parce que vous vous imaginez peut-être enseigner le chinois, je ne sais pas, je pense tout à coup à l'île de la Réunion? >> Je ne sais pas trop c'est comment mon futur, mais je préfère enseigner le chinois dans les DOM-TOM et je pense en suivant ce master chinois, j'aurai une autre opportunité pour le futur. Je ne suis pas sûr, je pense travailler quelques années en France et finalement je vais rentrer en Chine. >> De quelles manières pensez-vous que la langue française vous a accompagné pendant toutes ces années? Est-ce que le jeune homme que j'ai là en face de moi est le même que celui qui est arrivé en France en 2017? >> Je pense que j'ai changé un peu. Quand j'étais en Chine, si je sors avec mes amis, on va aller au cinéma ou on va dans un bar d'Internet pour faire du e-sport ensemble. Mais en Chine, mes amis et moi on ne va jamais visiter les musées parce que ça ne m'intéresse pas. Mais après être venu en France, je pense que je deviens passionné par les musées et les activités culturelles françaises. >> Et dans votre manière de réfléchir, est-ce que la langue française vous a transformé, vraiment dans l'organisation de vos idées? >> Oui. Je pense que je réfléchis plus logique qu'avant. Je pense que ce sont les travaux universitaires qui m'aident parce qu'en France, les étudiants doivent écrire les dissertations, les commentaires littéraires, et il y a toujours une structure générale pour ces devoirs, une intro, un développement et une conclusion. Quand j'étais en Chine, je ne réfléchissais pas comme ça. Mais maintenant, je pense que je suis plus logique. >> Maintenant, ça fait trois ans que vous êtes en France, qu'est-ce qui a été selon vous le plus difficile? >> Ce qui est plus difficile et toujours difficile c'est de traverser la rue. Je suis toujours un peu confus quand je traverse la rue. Je réfléchis si je passe maintenant ou j'attends un peu. Normalement, les conducteurs vont m'attendre, mais en fait il existe aussi certains conducteurs qui ne s'arrêtent pas. En fait, en Chine on pensait que les Français étaient très polis parce qu'ils traversent la rue quand le feu de piétons est vert. Mais en vrai, c'est l'inverse. Les Français traversent la rue quand ils veulent. En Chine, je pense que dans la plupart des villes, on doit attendre au feu vert pour traverser la rue. >> Est-ce que pendant ces trois années en France, vous avez eu des moments peut-être de nostalgie, est-ce qu'il y a des choses de la Chine qui vous ont beaucoup manqué? >> En fait, ce qui me manque beaucoup en Chine c'est plus la gastronomie. Parce que quand j'étais à Chambéry et à Marseille, il n'y avait pas beaucoup de supermarchés chinois, donc je ne peux pas acheter des nourritures que j'aime mais ce n'est pas le cas à Paris parce que Paris c'est une ville internationale et on peut tout acheter à Paris. Du coup, après être venu à Paris, je crois qu'il n'y a pas trop de choses qui me manquent. >> Alors, le jour où vous allez revenir en Chine, qu'est-ce que vous aimeriez bien rapporter de la France, que ce soit dans la mentalité ou dans les habitudes? >> Quand je suis en France, je pense que la France n'est pas si bonne que ce que j'imagine. Mais si un jour je rentre en Chine et je n'habite plus en France, je pense que la France va me manquer beaucoup et toutes les choses en France sont bonnes, parce que je ne les vois plus. [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Merci beaucoup Tian Xu. Passons maintenant à notre questionnaire final. À quelles couleurs associez-vous la France? >> Bleu, blanc et rouge parce que ce sont les couleurs du drapeau français. >> À quelle odeur? >> L'odeur de pipi dans la gare Saint-Charles de Marseille, je le sentais tous les jours. >> À quelle saveur? >> C'est sucré parce que j'aime bien manger les desserts français et je les prends tous les jours. >> Quel est votre paysage préféré? >> Notre-Dame de la Garde à Marseille. >> Quel est votre son préféré? >> Tan tan tan dan, le gingle de la SNCF. Une magie dans ce son, ça m'attire beaucoup mais je ne sais pas pourquoi. >> Quelle est votre sensation préférée? >> Quand je m'asseyais à côté du vieux port de Marseille en regardant la Méditerranée et en sentant le vent de la mer sur moi. >> Quel est votre mot préféré à prononcer? >> Le pronom vous. Parce que la conjugaison des verbes avec le pronom vous c'est facile pour moi, pour les premiers groupes de verbes. Je n'ai pas besoin de conjuger en prononciation parce que par exemple, aimer et vous aimer, la prononciation est la même. C'est facile de prononcer. >> Quel est votre mot détesté? >> C'est du parce que la conjugaison est difficile. >> Quel est le mot de votre langue maternelle qui manque à la langue française? >> Je pense que c'est la répétition des [INCONNU]. Par exemple, le mot heureux en chinois c'est gaoxing. Si on le répète une fois, gaoxing gaoxing, ça devient un verbe, être heureux. >> Quel est le mot qui existe en français et que vous n'avez pas dans votre langue maternelle? >> Il n'y a pas de conjugaison dans la langue chinoise. En chinois, si on veut exprimer le temps passé ou le temps futur, on rajoute un verbe de temps ou on utilise les mots, les adverbes qui expriment l'origine, le temps. [MUSIQUE]