[MUSIQUE] [MUSIQUE] Après avoir vu ensemble les fondamentaux de l'investissement à impact dans le premier MOOC de cette série qui lui est consacré, il est donc temps de découvrir concrètement comment se passe un processus d'investissement du point de vue de l'entrepreneur comme de celui de l'investisseur. Dans ce premier module portant sur la première étape de ce processus, autrement dit la rencontre entre l'entrepreneur et l'investisseur, nous allons d'abord revenir sur les trois questions auxquelles fait face un entrepreneur quand il souhaite s'engager dans une démarche de levée de fonds. À quel moment lever? Vers quels investisseurs se tourner? Comment susciter leur intérêt? Ensuite, nous nous intéresserons aux leviers disponibles pour permettre aux investisseurs d'identifier des opportunités d'investissement pertinentes. Commençons donc par l'entrepreneur. Avant même de se renseigner sur les investisseurs, la première étape cruciale d'une levée de fonds consiste pour l'entrepreneur à définir son besoin de financement, tant pour un, vérifier qu'il a vraiment besoin de financements externes que deux, pour déterminer le type d'investisseurs à cibler en fonction de son besoin de financement et établir ainsi une stratégie de financement. À quel moment lever des fonds? En règle générale, pour une entreprise qui cherche à lever des fonds, il y a deux raisons principales. Soit elle souhaite réaliser un investissement dans le but de développer ou faire grandir son activité par ce biais, on parle là d'investissement au sens large, recruter de nouvelles personnes pour vendre ou produire davantage, acquérir des équipements supplémentaires, augmenter le budget marketing et communication, augmenter le budget de recherche et développement pour concevoir un nouveau produit et financer un décalage de trésorerie, ce qu'on appelle schématiquement le besoin en fonds de roulement ; soit son activité normale ne génère pas suffisamment de trésorerie et elle doit faire appel à des capitaux extérieurs pour continuer à fonctionner. Dans le cas d'entreprises innovantes, ces deux facteurs se combinent souvent puisque c'est justement le développement de l'activité qui va aider l'entreprise à trouver sa rentabilité. Soulignons d'emblée ici qu'une levée de fonds ne peut être considérée ni comme une fin en soi, ni comme un passage obligé. Même si la presse tend parfois à résumer le succès d'une start-up au montant des fonds levés, la principale source de financement de son activité pour une entreprise et la plus efficace pour un entrepreneur sont bien évidemment les ventes de son produit ou service et le chiffre d'affaires ainsi généré. La levée de fonds n'est donc qu'un moyen au service de la mission de l'entreprise sociale et il faut savoir juger de la pertinence et du dosage de ce moyen avant de se précipiter vers des investisseurs. En effet, lever des fonds a un coût. D'abord en termes d'investissement humain, puisqu'il s'agit d'un processus chronophage, mais ensuite, et surtout, cela crée une contrainte forte pour le développement du projet. Soit l'entreprise aura des dettes à rembourser, si on privilégie l'endettement, soit l'entreprise devra céder une partie de son pouvoir sur le projet et de son patrimoine au profit d'investisseurs en capital. Donc lever des fonds n'a rien d'anodin et doit être mûrement réfléchi. Il n'en reste pas moins qu'il est sain, pour toute entreprise ayant des ambitions, de faire appel à des capitaux extérieurs à différents moments de son développement. Aussi confortable que peut être l'autofinancement, celui-ci est d'une part assez rare dans le cas d'entreprises en création qui présentent souvent une rentabilité négative sur leurs premières années, car elles ne vendent pas encore suffisamment pour compenser tous les efforts déployés pour lancer l'activité, et surtout deux, ne compter que sur l'autofinancement freinerait drastiquement le développement de l'entreprise s'il fallait attendre d'avoir accumulé toutes les ressources nécessaires pour le financer. On sait bien qu'il y a urgence aujourd'hui à impulser des innovations sociales et environnementales pour répondre aux défis de notre temps. Dans ces conditions, on peut retenir que l'enjeu pour l'entrepreneur est de lever des fonds le plus tard possible et, ce faisant, chercher à développer son projet le plus loin possible avec des moyens limités. D'abord parce que la frugalité à faire mieux est plus efficace et pour ainsi être gage d'une pérennité plus forte. Ensuite parce que le projet aura pu faire ses preuves. En ayant déjà des clients, par exemple, il disposera d'un certain historique qui convaincra d'autant mieux les investisseurs. Enfin, parce que c'est aussi un moyen de garder la main sur son capital le plus longtemps possible, d'avoir le temps de bien asseoir la vision guide dans l'entreprise, ce qui est d'autant plus crucial quand on est un entrepreneur à impact et qu'on doit défendre une mission. Attention, il ne s'agit pas non plus d'attendre l'épuisement de la trésorerie et des équipes pour se tourner vers des financeurs. L'entrepreneur doit chercher à anticiper au maximum le moment où il sera à court de cash en effectuant un suivi le plus précis et analytique possible de ses comptes, et tout particulièrement de sa trésorerie. La temporalité de la levée de fonds sera d'ailleurs d'autant plus cruciale lorsque l'entreprise cherche des financements extérieurs pour maintenir son activité. À l'inverse, dans le cas d'un projet de développement, elle sera bien plus flexible, ce qui signifie aussi un plus grand pouvoir de négociation dans la relation avec les investisseurs.