Alors nous allons voir ce problème de la double réalité humaine, qu'on le voit sous le trait nature et culture, la nature ce qui est inné en nous, et la culture ce qu'on doit toujours apprendre, la nature ce qui vit autour de nous et la culture c'est la vie dans la société avec le langage, avec la conscience. Nous avons cette double relation et dans le fond nous sommes à la fois naturels et culturels. D'une façon tout à fait inséparable. Et ce qui est intéressant c'est que dans notre civilisation occidentale, il s'est opéré une grande disjonction entre l'humain et la nature. Pourquoi? Cela vient tout d'abord de la marque religieuse, parce que dans la Bible, Dieu crée l'homme à son image. Il fait une création tout à fait séparée, et singulière. Et le monde des animaux, lui, est tout à fait autre. Mais, quand nous voyons en plus avec le Christianisme, et notamment avec le message de Saint Paul, de Paul de Tarse, lui, il annonce la résurrection, pour le croyant. Parce que Jésus lui-même est celui qui apporte la possibilité de la résurrection. Et quand vous avez eu la civilisation technique qui s'est développée à partir du XVIIe siècle, un Descartes a très bien vu que, il y avait une séparation entre le monde naturel et le monde culturel. Et il s'est même illusionné en croyant que les animaux étaient des pures machines, et que nous nous avons une conscience. Alors qu'on sait aujourd'hui que les animaux ne sont pas des machines, ne sont pas des robots, mais ont des sensibilités, ont des intelligences. Mais enfin, on a fait la séparation. Et on a considéré la nature extérieure comme un luxe, quelque chose que l'on doit exploiter pour l'agriculture, ou pour le bois de construction. Bref, on n'a jamais pu saisir en profondeur la relation entre l'humain et la nature. Sinon à travers les poètes romantiques. Mais il a fallu attendre la conscience écologique pour qu'on se rende compte de l'imbrication profonde, et que, on comprenne, enfin on se demande pourquoi le cerveau est étudié en biologie et que l'esprit est étudié en psychologie, alors que ce sont les deux aspects d'une même réalité. Et cette relation, elle est en nous : c'est-à-dire la nature nourrit la culture, laquelle nourrit notre nature. Par exemple, prenez cette relation psychosomatique que depuis quelques dizaines d'années on a découvert dans le domaine des maladies et des perturbations. On s'est rendu compte que ce n'est pas seulement des maladies organiques qui perturbaient notre esprit, on s'est rendu compte aussi que ce sont des problèmes d'esprit, des stress, des malheurs, des chagrins, qui pouvaient provoquer des maladies purement organiques. On a pensé qu'il y avait cette barrière entre le cerveau et le corps, mais dans le fond cette barrière, elle est traversée, parce qu'on a découvert que le cerveau ce n'est pas seulement une machine à connaître, à computer, à calculer, des neurones, mais c'est aussi une glande qui secrète de l'adrénaline, de la sérotonine, et vous savez très bien que, l'adrénaline, quand vous avez besoin d'action, quand vous avez besoin de toute votre énergie, et bien ce besoin fait une sécrétion d'adrénaline, donc il y a un rapport extrêmement étroit entre le corps et l'esprit qui font partie d'une même entité. Prenons aujourd'hui la question débattue du sexe et du genre. Bon, tout d'abord le sexe, on peut dire le sexe c'est ce qui vient d'abord, à la maternité on dit c'est une fille, on dit c'est un garçon. Et puis après on va se rendre compte que vont se développer des caractères typiquement féminins, des caractères qu'on appelle sexuels secondaires. La femme va avoir un ample chevelure, elle va avoir une belle poitrine, l'homme va avoir de la barbe et cetera. Donc il y a une différenciation sexuelle absolument évidente. Mais, il y a une autre chose déjà biologique, c'est que vous avez le féminin présent à l'intérieur du masculin, et réciproquement. Par exemple, pourquoi les hommes, ils ont quand même des tétons? Alors que dans le fond ils n'en ont pas besoin. Il y a toute une série même parfois de traits psychologiques disons que l'on dit féminins et qui peuvent, la tendresse, qui peuvent être forts chez les hommes. Et disons, en gros, le masculin porte le féminin d'une façon refoulée, ou comme on dit récessive, en arrière plan. Mais il y a une potentialité féminine chez l'homme, et du reste qui fait que c'est pour ça qu'il est attiré par cette femme qui elle, réalise cette potentialité féminine, et vice versa. Chez la femme il y a aussi, par exemple le clitoris peut être conçu comme un sexe atrophié. Et il y a aussi le problème du cerveau, on a dit que le cerveau gauche est le cerveau des opérations logiques et qui est plus développé chez l'homme, quand le droit est celui des opérations synthétiques plus développé chez les femmes, mais en réalité l'homme et la femme ils ont, la femme peut-être développe plus ces opérations. Est-ce que c'est naturel ou est-ce que c'est culturel? On commence à arriver dans les histoires de sexe et de genre. Mais disons qu'il y a déjà du féminin dans le cerveau masculin, et déjà du masculin dans le cerveau féminin. C'est-à-dire il n'y a pas deux cerveaux différents. Et c'est pour ça que dès le niveau biologique, il n'y a pas ce caractère absolument tranché entre le masculin et le féminin. Mais, ce qu'il y a maintenant c'est qu'on parle du genre, alors le genre c'est ce que la culture va donner aux femmes pour qu'elles apparaissent pleinement comme femmes par opposition aux hommes qui vont s'habiller d'une façon, qui vont se coiffer d'une façon, la femme va se farder, l'homme ne va pas se farder et cetera. Mais, en fait, c'est vrai que des cultures, disons en quelque sorte sur-déterminent les caractères féminins ou masculins de façons très différentes, sur la base effectivement de cette chose qui est le sexe naturel. Autrement dit, le biologique ne s'oppose pas au genre, ni le genre au biologique, et le genre est possible parce qu'il y a déjà une ambivalence dans le biologique. Donc c'est pour vous dire que partout je peux prendre aussi l'exemple de la nourriture, on ne se nourrit pas uniquement pour manger mais pour se retrouver entre amis, pour goûter les plaisirs de la table et cetera. Partout le biologique est lié au culturel, nous sommes à la fois des êtres biologiques et nous sommes en même temps des êtres culturels, on ne peut plus séparer l'un et l'autre.