[MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Le Forum d'Action Modernités, c'est une fondation qui a été montée avec comme président d'honneur Edgar Morin, avec qui j'ai travaillé pendant longtemps, j'ai été son assistant, >> et l'objectif c'est d'être au contact de tout ce monde qui bouge aujourd'hui. On est dans un univers avec des initiatives dans tous les sens absolument étonnantes, et en revanche on monte une big picture d'une vision globale de ce que peut être l'avenir et de ce qui peut être positif dans l'avenir. Il y a un contraste énorme entre le fait que les visions d'avenir globales soient si catastrophistes alors qu'il y a plein d'initiatives locales qui sont extrêmement positives. Alors, on essaye d'établir un lien entre les deux, et pas le faire en chambre en mobilisant uniquement des intellectuels mais en mobilisant l'intelligence collective, et là on rencontre cette notion d'alliance qui est importante pour vous. Le Forum d'Action Modernités a joué un rôle à l'échelle européenne de correspondant, notamment de la Clinton Global Initiative qui promouvait cette idée d'alliance entre entreprises, mouvements sociaux, ONG, gouvernements, pour faire avancer de façon concrète les choses, et moi je crois que c'est vraiment une notion très importante. Ce qui est intéressant dans la notion d'alliance, pour moi, c'est vraiment une notion, on y reviendra peut-être, dans laquelle chacun des acteurs met en jeu son identité. Lorsqu'il y a un travail entre une entreprise, une association, une ONG, etc., les uns et les autres en ressortent un peu changés. Quand je vois des grands exemples qui ont été promus, notamment au sein de la Clinton Global Initiative aux États-Unis, je vois des choses qui sont extrêmement inspirantes, comme par exemple ce qui a été fait en matière financière et banquière avec le développement de toutes les banques sociales américaines auxquelles ont contribué les banques classiques, les pouvoirs publics et des tas d'ONG : 4 000 associations locales. Ça mobilisait des moyens financiers extrêmement importants et qui est parti d'une demande des communautés black, hispano, etc., de dire : même quand on est dans un coin déshérité des États-Unis, on a tout de même une petite bourgeoisie, on a tout de même un médecin, on a tout de même des gens qui ont de l'épargne, on veut savoir où part cette épargne et où elle est réinvestie. Est-ce qu'elle est réinvestie chez vous d'une façon égale. Cette demande-là s'est traduite par des lois, s'est traduite par des modes d'action qui, au total, ont mobilisé, en 15 ans, plus de 15 mille millards de dollars américains, avec un impact énorme sur la rénovation des centres-villes américains, avec un impact considérable sur la création des emplois de services aux États-Unis. Si on regarde les conditions de succès des alliances, moi ce qui me semble vraiment important c'est que, il faut respecter un certain nombre de règles du jeu formelles qui sont très grandes, notamment je crois qu'il faut essayer de se situer toujours dans le moyen terme, pas le trop court terme, pas le long terme : quelque chose qui peut être à l'échéance 18 mois, 24 mois, 36 mois, pas quelque chose de beaucoup plus long. Se fixer des objectifs concrets, mesurables, évaluables. In fine, tout repose sur les personnes. Dans tous les cas de montage que j'ai vus, il se produit du fait que dans les différents côtés de la table, il y a des gens qui représentent des entreprises, des gens qui représentent des régions, des pouvoirs publics, des syndicats, des ONG, mais ils sont là eux-mêmes. Nous, dans le cas du Forum d'Action Modernités, on a une expression quand on fait un groupe de travail ou qu'on monte une opération, on dit : vous venez tout entier. On sait bien que vous venez pour représenter telle ou telle chose, mais vous êtes pas que ça, vous êtes pas que cadre dans telle ou telle entreprise, vous êtes d'autres personnages, et la rencontre, l'accord réel entre les acteurs hétérogènes, elle se fait grâce à la capacité d'individus, de personnes, à se comprendre. Et ça, c'est un énorme changement de la société d'aujourd'hui par rapport aux perspectives de la société d'hier. Si on veut qu'un certain nombre d'idées qui sont nées dans les mondes du social business, de l'économie sociale et solidaire, conduisent à être vraiment levier de développement important, il faut éviter de faire des microexpériences locales mais voir celles qui méritent, qui ont un potentiel important, de leur donner plus d'importance. Là, la difficulté, elle réside dans le fait de garder la sincérité, l'authenticité des personnes, et ça, ça me semble très, très important. Moi, je ne crois pas qu'il faille faire le changement d'échelle en essayant de trouver une sorte de business model qui permette d'un seul coup de trouver des règles du jeu qui assurent une sorte de pérennité économique absolue. C'est très, très bien d'arriver à avoir une source importante de financement d'activités qui lui permette de croître à partir des activités du marché. Mais l'un des ressorts de la sincérité dans l'économie sociale et solidaire, c'est que, il y a toujours un modèle hybride qui conjuge du bénévolat, des subventions, des systèmes de vente et d'activité marchande, des systèmes de partenariat divers, et il faut que, en permanence, les dirigeants de ces ensembles sociaux et solidaires se posent des questions sur le bon équilibre. Si on veut accroître la prolifération des alliances, l'envie de faire germer des choses, il me semble que, il y a trois éléments importants. Il y a un élément qu'est la reliance : mettre en contact, réseauter, faire en sorte que les gens se rencontrent. Il y a deux éléments. Le rôle des artistes, qui est extrêmement important parce que, les artistes c'est les gens qui, comme tous les gens qui travaillent dans la création, qui s'autorisent d'eux-mêmes. Et dans la société actuelle on a un énorme problème de s'autoriser à faire des choses nouvelles, des choses inattendues, voilà, et c'est des artistes qu'on peut attendre quelque chose. Je ne sais pas, si on pense à un film comme Demain. Demain, cela soulève de l'enthousiasme chez beaucoup de personnes. Et puis troisièmement, il faut des idées. Et ça je crois qu'on ne peut pas se contenter d'avoir des émotions, on ne peut pas se contenter d'avoir de la reliance, il faut qu'on construise les concepts qui sont à venir. On a vécu 40 ans d'idées néo-libérales qui ont promu du travail intellectuel, de Friedrich Hayek, de [INCOMPRÉHENSIBLE], qui se sont mis en conclave et qui ont construit des câbles de pensée solides. On doit, aujourd'hui, construire des câbles de pensée solides pour rendre compte de toute cette énergie et toutes ces expériences innovantes auxquelles on pense les uns les autres. [MUSIQUE]