La fondation Abbé Pierre a, de son côté, accepté de se lancer dans l'aventure,
car ce partenariat lui donnait les moyens de répondre à un besoin,
que les responsables de la fondation avaient identifiés depuis longtemps,
celui du financement et de l'accompagnement, non pas directement des
personnes mal logées, mais des associations travaillant dans ce domaine.
La fondation Abbé Pierre n'avait bien par la structure juridique adaptée,
pour recevoir des fonds et investir à son tour, Solifap a donc été créé à cet effet.
Venons voir l'association Wimoov qui, quant à elle, voyait l'ampleur
des problèmes liés à la mobilité des personnes en situation de précarité,
et l'efficacité de ces plates-formes de mobilité pour y répondre.
Wimoov a donc sollicité Renault pour que le groupe lui apporte deux ressources
cruciales : de l'investissement financier, donc,
de l'argent et le réseau nécessaire pour essaimer sa solution.
Renault avait, de son côté, la volonté d'impliquer ses équipes, au travers du
programme Renault MOBILIZ, mais ne savait pas comment atteindre des populations
n'ayant pas les moyens de faire appel aux services de l'entreprise Renault.
L'expertise de Wimoov était donc précieuse pour prescrire les services offerts par
Renault, à cette catégorie de populations, c'est-à-dire rediriger certains des
bénéficiaires de Wimoov vers le dispositif Garages Renault Solidaires, par exemple.
Vous le voyez, ces partenariats naissent souvent de la découverte d'intérêts
partagés, et d'un enjeu commun.
Cela a également été le cas pour Restoria et l'ADAPEI 49,
l'association avait identifié la restauration, comme un secteur prometteur
pour faire travailler ces bénéficiaires, personnes handicapées, et Restoria
ne souhaitait pas perdre le client, de longue date, que représentait l'ADAPEI 49.
Les deux structures travaillant déjà ensemble, donc il était donc logique,
au moins sur le papier, que Restoria propose à l'association,
de l'aider à créer une cuisine, qui permettrait l'embauche de personnes
handicapées, mais aussi de produire des repas pour les clients de Restoria.
Le partenariat entre Jaccede.com et La Poste est lui aussi né
d'une rencontre d'intérêts convergents et de la complémentarité des ressources,
de ces deux organisations.
La Poste voulait former ses équipes aux enjeux de l'accessibilité,
ce qui est le cœur de métier de Jaccede.com.
Tandis que l'association voulait essaimer son concept
sur tout le territoire national.
Or, il existe peu d'entreprises qui valent La Poste,
en termes de couverture et de maillage du territoire.
Jaccede et La Poste étaient donc fait pour s'entendre.
Emmanuelle Le Nagard souligne d'ailleurs à cet égard,
que ces partenariats donnent souvent lieu à co-branding,
ce qui peut être bénéfique pour l'entreprise, comme pour l'association.
Le bénéfice pour l'entreprise est assez évident,
son image de marque a souvent été écorné par la crise, qui a révélé certains
dysfonctionnements du capitalisme, les consommateurs ont de moins en moins
confiance dans les marques suspectées d'avidité financière ou de cynisme.
Il peut donc être intéressant pour les entreprises, de mettre en avant
le fait que les profits générés par l'entreprise peuvent aussi être mobilisés,
pour faire avancer l'intérêt général ou bien s'accompagner d'un progrès sociétal.
L'avantage en termes d'image de marque pour l'association est moins évident,
moins immédiat, mais pourtant la notoriété de l'entreprise peut générer
un effet de levier et faire connaître à un beaucoup plus grand nombre de personnes,
la mission de l'association.
Attention toutefois à choisir un partenaire ayant une bonne réputation
et partageant vos valeurs.
Cet alignement est essentiel pour l'association, comme pour l'entreprise.
Concluons avec l'analyse de Charles-Benoît Heidsieck qui explique que les objectifs
des entreprises et des associations sont finalement assez similaires,
et peuvent être résumés dans ce qu'il appelle, le carré magique.
Alors, ce carré magique comprend : un, les enjeux RH, ressources humaines,
pour une entreprise, il s'agira de motiver et fédérer les équipes,
autour de projets porteurs de sens, pour une association,
il s'agira d'avoir accès à des expertises complémentaires ou des bénévoles,
en mobilisant les salariés de l'entreprise partenaire.
Deux, l'implication des parties prenantes.
Pour les entreprises, il s'agit de mieux comprendre les besoins de leur territoire,
en dialoguant avec des acteurs toujours plus divers.
Pour les associations, de tels partenariats permettent notamment
d'accroître la portée de leurs messages, en pénétrant de nouveaux réseaux.
Trois, la performance économique, nous approfondirons cet aspect,
dans la partie Allons plus loin.
Mais pour résumer, un partenariat avec une association
peut notamment permettre à une entreprise d'avoir accès à de nouveaux marchés.
Du côté associatif, de tels partenariats permettent de bénéficier de ressources,
ressources financières,
précieuses, et éventuellement d'exercer un effet de levier sur d'autres partenaires.
Enfin, le quatrième côté du carré magique est l'innovation.
Le secteur associatif est souvent reconnu comme étant source d'innovation
face à des besoins importants, mais avec des ressources limitées, il faut,
en effet, savoir être créatif.
Les associations rencontrent cependant des difficultés,
pour déployer les expérimentations, qu'elles engagent à plus grande échelle,
c'est là, que des capacités industrielles deviennent utiles,
ces capacités que précisément apportent les entreprises.
En bref et en synthèse, le pourquoi de ces partenariats peut être
résumé en quatre points : mobilisation des ressources humaines, implication des
parties prenantes, performance économique et innovation sociétale.
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